Une histoire plus vraie que nature
Je ne crois pas aux signes mais je sais les voir. Je vous explique. Après avoir passé la semaine à marcher dans les pas d’Augustine Soubeiran, accompagné de l’historienne et écrivaine Nelly Duret (notamment lors d’un Philo Bistro), j’ai continué de vider les 280 cartons et quelques de mon déménagement et je suis tombé sur des vieilles médailles. L’un de mes ancêtres a eu la médaille militaire française, celle de la photo avec le ruban rayé bleu et rouge, qui était facilement donnée pour stimuler les hommes de troupe. Il a eu aussi la croix de guerre anglaise décernée par le roi Georges 5. C’est un général anglais qui la lui a remise en mains propres (ce qui me plaît, moi qui suis aussi Anglais après 13 ans à Londres). Cette médaille est prestigieuse et il l’a méritée : il a sauvé toute une tranchée d'anglais par un acte risqué. C'était un casse cou colérique et batailleur, volontiers frondeur ! Il a perdu sa femme des suites de couches en septembre 1916 alors qu'il se battait à Verdun, et le bébé est mort un mois après. Et c'est comme ça qu'il s'est remarié avec mon arrière grand mère, la mère de ma grand mère, Suzanne. J’ai reçu quelques amis hier soir pour une soirée “Petits débats entre amis”, et nous avons un peu parlé d’histoire. Le bien nommé Romain a même partagé sa passion pour la chute de l’Empire Romain, les raisons de son échec, et plus globalement la fin des civilisations. Une semaine ancrée dans l’Histoire, donc. Une Histoire avec un grand H, cartésienne, documentée, prouvée. Mais, en même temps, et j’arrive au signe dont je parlais au début, je crois que la littérature peut jouer un rôle dans la découverte et la formulation d’un narratif historique. Après tout, Gavroche, c’est un imaginaire. La Liberté sur les barricades, c’est un imaginaire. On pourrait même dire qu’il y a un imaginaire de la matière historique, un imaginaire de la rationalité. Et j’en ai eu la triste confirmation hier, quand, à ma plus grande peine, à mon plus profond désespoir, il y a eu une attaque des plus sanglantes à Sydney, au couteau, en son cœur symbolique : Bondi (Junction). Un fait historique dont on se serait volontiers passé, et qui a amené plusieurs personnes à m’interpeller au sujet de mon dernier roman qui traite avant tout de ces points de bascule au creux desquels un être humain décide de commettre l’irréparable. Je ne le citerai pas ici, ce n’est ni le lieu, ni le moment. Je voulais simplement exprimer le fait que lorsque la réalité rejoint la fiction, c’est aussi une confirmation des liens étroits entre Histoire et littérature. Nelly Duret ne dit pas autre chose quand elle parle de l’influence qu’a eu Les Enfants du Capitaine Grant du grand Jules Vernes sur Augustine Soubeiran. Ce livre lui a sans doute donné envie de venir en Australie…
CQFD.
Note : merci à Annick Zente pour m’avoir donné les détails qui me manquaient. Je lui en suis reconnaissant.
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