✝ les ROSES qui tuent
Critique de ROSE NUIT, d'Oscar Coop-Phane, Grasset, 2023.
Un livre coup de poing; une grande claque dans la gueule. Voilà ce qui me vient après avoir refermé ce livre. Derrière les roses, il y a du sang, il y a des larmes, et du silence, un silence subi et télépathique entre Nana, Jan et Ali, les trois protagonistes de Rose Nuit. Quand la première s’escrime à cueillir les roses dans la chaleur moite et chimique des serres éthiopiennes, les deux hommes sont respectivement acheteur et vendeur de ces roses qui tuent, à Amsterdam et à Paris. Les héros d’un drame qui est en train de leur échapper. C’est un roman noir, très noir, les trois personnages subissent leur vie, Jan, en particulier. Il est un héros Houellebecquien par excellence - légèrement déprimé en jugeant calmement la médiocrité de sa vie, et en voyant le succès des autres. Légèrement obsédé sexuellement, aussi, il faut bien compenser, comme toujours. Le style d’Oscar Coop-Phane est vif, incisif, parfait pour cette histoire à couper au couteau ! Il n’y a pas un mot en trop, rien qui dépasse, comme les tiges des roses que l’on coupe avant de les coucher dans son panier, ou de les laisser tomber par terre pour retrouver la poussière. Ash to ash, dust to dust, disent les anglais. C’est aussi un bon résumé de Rose Nuit, un livre engagé sans l’être, car il ne critique rien, il ne revendique rien, et il ne promet rien non plus; il se contente de montrer et de laisser le soin au lecteur de se faire sa propre idée. Faire confiance au lecteur en le faisant travailler, n’est-ce pas là le premier signe d’un livre réussi ?
O.- V.
P.-S. Je recevrai Oscar Coop-Phane lors de notre prochain Philo Bistro de l'AF Sydney - inscriptions au bout de ce lien... venez nombreux! https://www.afsydney.com.au/whats-on/philo-bistro/
Comments