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La nuit s'achève


Revue du film "La nuit s'achève" de Cyril Leuthy, 30 mai 2015 "Il est très doué, ça pourrait être au cinéma. C'est comme un documentaire mais fait comme un film. Avec un fort message politique." C'est ce que mon épouse a dit après avoir vu le film hier soir. Quant à moi, le film m'a profondément touché mais j'ai mis une nuit à vraiment comprendre pourquoi. Bien sûr il y a ce père parti du bled pour la France en janvier 1956 au début de la guerre d'Algérie et qui y revient 50 ans après à l'invitative de son fils. Une histoire qui n'est pas sans me rappeler celle de mon meilleur ami, Sébastien. De père algérien, lui aussi est reparti au bled avec son père à l'occasion d'un voyage qui allait marquer sa vie d'adulte. Sauf que dans son cas, son père est resté là-bas, au bled, y refaisant sa vie. J'ai réfléchi pendant la nuit, et c'est au petit matin que j'ai compris que ce n'était pas l'histoire principale du père qui m'avait le plus touché, ni le fait que mon épouse est elle-même née au Maghreb, au Maroc et y a vécu dix belles années. Non, ce qui a fait résonner quelque chose de fort en moi, c'est plutôt l'histoire dans l'histoire. Cette relation cachée entre le fils, Cyril, et son copain Nicolas, d'origine algérienne également et lui aussi partie prenante dans ce voyage du retour. Eux qui voulaient profiter de ce voyage pour dévoiler leur relation au père, sur ses terres de jeunesse. Eux qui ne l'ont pas fait, pour finalement rompre quelques mois après leur retour en France. On ignore tout des raisons qui les ont poussés à se séparer mais on ne peut s'empêcher d'y penser et de tisser des liens entre leur voyage en Algérie et leur rupture une fois de retour en France. Comme s’il s'était passé quelque chose d'important là-bas, quelque chose qui allait changer leur relation, leur vie, mais que ni l'un ni l'autre ne comprenait tout à fait sur le moment. C'est une des raisons pour laquelle le film va sans doute rester longtemps en moi. C'est aussi ce qui me fait penser que ce très beau film traite avant tout du thème de la vérité et des problèmes qu'elle peut parfois poser. Celle de la guerre d'Algérie, de la colonisation, des tortures, des camps. Et aussi celle des Français et des Algériens qui étaient copains, au-delà de tout ça. Dur de regarder la vérité en face quelques fois... mais si on ne le fait pas pour les autres, alors il faut le faire pour soi, c'est la leçon de ce film. La vérité, c'est que Cyril a lui-même dit qu'il regrettait ne pas avoir pris Nicolas dans ses bras le jour où il a retrouvé la tombe de ses ancêtres en Kabylie. Et s'il l'avait fait, est-ce que ça aurait changer le cours de l'histoire ? On ne le saura jamais. Et puis cette dernière image - plan fixe sur Ludovic, le frère auquel Cyril dédie son film. Peut-être un symbole pour dire que nous sommes tous des frères, Français et Algériens, les colons et les colonisés, ceux qui aiment les femmes et ceux qui aiment les hommes. A voir absolument.




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