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La collectionneuse de mots oubliés, Pip Williams



Les mots nous définissent, ils nous expliquent et, à l’occasion, ils permettent de nous contrôler ou de nous isoler. Mais qu’arrive-t-il lorsque des mots qui sont dits ne sont pas écrits ? Quel effet cette absence exerce-t-elle sur celui qui les prononce ?” Telle est la grande question à laquelle « La collectionneuse de mots oubliés » nous propose de réfléchir. Et pour cause : En 1901, le mot "bonne à tout faire" est absent du premier dictionnaire d'Oxford...

Pour avoir échangé avec l’autrice britannique de ce best-seller anglo saxon, je sais que cette question s’inscrit dans une démarche engagée qui rend selon moi le roman encore plus attachant. J’ai rencontré Pip Williams il y a un peu moins d’un an lors du dîner de clôture d'un festival littéraire tenu chaque année dans l’école de ma fille aînée. C’était à Gold Coast, en Australie, et je me souviens avoir été transporté par ses mots comme jamais. Autrice britannique installée de longue date down under, elle y a parlé – comme dans son roman – de l’Angleterre victorienne étriquée, de la naissance du mouvement des suffragettes, de l’accès à l’éducation des femmes dans la société de l’époque. L’aventure que fut la rédaction du dictionnaire anglais à la fin du XIXe siècle est l’excuse romanesque pour ce texte qui s’inscrit très bien dans la mouvance actuelle, celle du MeToo, pour ne nommer qu’elle. Ce soir-là, alors que nous dégustions un dîner gastronomique sous les étoiles australes, Pip Williams nous a longuement parlé du mot « Con », ce mot d’argot qui veut dire vagin. Cunt, en anglais. Tout le monde riait, un petit groupe d’Anglaises bien éméchées faisait des blagues salaces. La soirée prenait une tangente drôle, légèrement délurée… un vrai bonheur ! Tout autant du moins que ce roman hybride original, avec une alternance de prose, de lettres, de citations et de définitions du célèbre dictionnaire d'Oxford. Loin d’être un roman épistolaire, La collectionneuse de mots oubliés est un roman historique écrit avec conviction. La seule question qui me taraude au final est celle de la réception de ce livre en France… Grand succès en Australie avec 200 000 exemplaires vendus, il n'est que moyennement reconnu en France, avec 1,700 exemplaires vendus ici selon Google, je ne comprends pas cette si grande différence… La presse a peu relayé le livre, OK... Est-ce parce que ce livre est avant tout un roman Anglo Saxon ? De ceux qui sonnent plus juste dans la langue de Shakespeare ? Est-ce que l’appétit des Français pour les choses de l’Histoire s’est estompé ? Ou est-ce simplement que 400 pages de nos jours représentent un trop gros effort à fournir ? Nul ne le sait. A vous, chers lecteurs, de nous le dire après la lecture de ce livre réussi.

O.V.

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