"Performing land" ou la magie du jet créatif
Le 14 septembre 2022 au soir, Marielle Gonier - performance artiste dont le film Performing land a reçu de nombreux prix - a été mon invitée lors du Philo Bistro organisé avec l’Alliance Française de Sydney sur le thème de « Quel art, pour quelle émotion ». A cette occasion, nous avons visionné son film Performing land, faisant de cette soirée un moment chargé d’émotions, très riche en échanges.
Originaire des Antilles, de Martinique exactement, Marielle Gonier est passée par New York pour apprendre la danse, a travaillé à Paris dans de grands théâtres. Elle est aujourd’hui à Sydney et c’est une chance pour la communauté française et l’Australie plus généralement. De la danse classique à l’art performance en passant par la danse contemporaine et même par le cabaret, le passage entre ces disciplines a été pour elle naturel, en phase avec son cheminement d’artiste au plus près de soi.
Son film intitulé « Performing land », entre carnet de pensées et hymne à la nature, est un superbe film dans lequel elle « performe la nature » pour reprendre sa belle expression. Elle y prend la terre comme scène et comme je l’ai dit dans mon introduction du film avant de le visionner avec un public fourni réuni entre les murs de l’AF, Performing Land est un film que je qualifierais de « total », c’est-à-dire qui résume et qui dit tout. Un film qui réunit une palette incroyable de disciplines artistiques :
· Le film, le cinéma, la cinématographie
· La photo, les images
· La danse, les chorégraphies
· Les mots, la poésie, les messages
· Les mouvements, les façons de se déplacer, de regarder
· La musique, les notes, et la voix off
Lequel de ces arts m'a le plus touché ? A en moi créer le plus d'émotions ? Je ne sais pas, peut-être tous à la fois…. Tous combinés ensemble pour créer une émotion superbe et supérieure. C’est un film troublant, émotionnel, avec du suspense, un vrai arc narratif. Ce film a beaucoup ému le public. Un film qui parle à nos émotions, à notre corps et à notre sensibilité, qui permet de dire l’indicible.
La séquence du film qui m’a le plus touché, c’est cette scène de danse en forme de cache-cache avec les arbres, avec les disparitions derrière eux. Tout le film se déroule au sud de l’Espagne, au cœur de la nature, entre mer et terre, et l’on comprend avec cette scène que face à la toute-puissance de la Nature, nous sommes finalement peu de chose. On aura beau parler de réchauffement climatique, de sauver la planète, etc. en fait c’est l’Homme qui veut se sauver lui-même et a peur de son extinction. La nature restera. Pour elle, l’humanité n’est qu’une vulgaire étape cyclique. Et cela est encore plus fort quand on connait l’histoire de ce magnifique film, filmé pendant le premier confinement du COVID.
L’homme est la seule espèce sur terre qui cherche à être plus que ce qu’elle est.
Albert Camus
Au final et pour conclure ce mot, ce film montre Marielle Gonier en train de « performer », c’est de l’art performance – il y a une liberté d’écriture dans le film, elle qui travaille souvent avec des écrivains. Elle qui casse les barrières avec les arts… Alors faire intervenir Marielle Gonier dans un débat ou une conférence sur ce sujet sera toujours riche d’enseignements ! Elle est une fanatique de la magie du jet créatif, de l’art qui s’échappe comme du vent, et c’est beau d’assister à tout cela dans le monde parfois individualiste et consumériste dans lequel nous vivons aujourd’hui. Marielle Gonier prend la défense de l’art qui bouscule les perceptions et les convictions, et je recommande à quiconque voulant faire l’expérience de l’art au plus près des sentiments, des émotions et de cette part de fragilité enfouie en nous que l’on ne laisse pas souvent vivre, de voir le film Performing land, et d’être en présence de Marielle Gonier, au même endroit, ici, ailleurs, même si vous êtes loin et que c’est par écran interposé. C’est bien simple, avec Marielle Gonier : on revit car on redevient nous-même.
O. V.
Sydney, 1.10.2022
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