Je t'aime moi non plus au Petit Théâtre de Sydney

Ce n'est plus comme avant...

C’est peut-être là le fil rouge de Hors Tempo, ce menu théâtral composé de six actes, six “plats” aussi variés qu’émouvants. Et à raison : ce n’est plus comme avant, et cela ne le sera jamais plus. Le monde change, nous aussi, que cela nous plaise ou non. C’est en tout cas l’hypothèse de ce spectacle inspiré, qui explore avec justesse et intensité les bouleversements de notre époque... hors tempo.

Les scènes s’enchaînent : un couple qui retourne sur les lieux de leur rencontre, espérant raviver une alchimie perdue ; une quadra célibataire qui s’offre une aventure avec un Australien barbu de vingt ans rencontré sur Tinder, avant de le quitter à cause d’un texto un peu trop long ; un chasseur face à un paumé avec un violon et sa boîte. Puis cette chorale, égarée dans une église, qui renaît à travers des inconnus réunis là par hasard, avec leurs talents, leurs failles et toute leur humanité.

Et enfin, ce moment de solitude intense : une femme seule dans son lit, le soir, coincée entre le mur et le vide. Peut-être la scène la plus poignante de la soirée, où des larmes bien réelles coulent sur les joues de la comédienne. La même comédienne qui, un peu plus tôt, livrait le récit déchirant d’une agression sexuelle – le sien.

Rires et larmes, pas de danse et cris de désespoir : jeudi soir, au Petit Théâtre, les 6 petites pièces de “hors tempo” ont su déconstruire avec finesse les maux de notre temps – machisme, violences sexuelles, hyperconnexion – en dessinant une fresque du chaos contemporain. Une fresque bien française, s’il vous plaît, où les dialogues et les clichés prennent une profondeur particulière, notamment dans les scènes de rupture, magnifiées par une passion déchaînée. Comme le disait Anatole France : « J’ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l’indifférence. » C'est la France qui ne change pas, la France des émotions... Et vous savez quoi? On l'aime comme ça...

Portée par une troupe d’amateurs à l’énergie incroyable, cette pièce m’a captivé pendant 90 minutes. Mon seul regret ? Qu’elle ne dure pas un peu plus longtemps.

Il reste encore deux soirées pour découvrir ce bijou théâtral, les 22 et 23 Novembre. Tous les détails ici : https://www.trybooking.com/events/landing/1301547