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Curieux de nullité



“Curieux de nullité”: la petite phrase qui tue, l’œuvre de Lucien de Rubempré. Un bon mot pour traîner dans la boue un mauvais livre. Mais qu’est-ce qu’un mauvais livre, au juste? Et à quelle cause doivent se rallier les mots pour exister ? Ce sont les deux grandes questions que pose Les Illusions perdues, ce film aux accents très contemporains malgré son caractère historique. Voyez plutôt le travail des critiques du journal Le Corsaire-Satan pour lequel travaille le bon Lucien : un livre intelligent deviendra un livre prétentieux. Un livre sensible deviendra un livre précieux. Un livre concis manquera de substance. Un livre charnu dissimulera le fait que son auteur n’a rien à dire. Et cetera et cetera. La critique se fait et se défait en fonction du sens du vent et du temps qu’il fait. En fonction des faveurs qui tantôt s’achètent tantôt se donnent. En fonction de qui est là, assis à la bonne place à force de bons mots, donc.

La scène finale est particulièrement réussie, elle est le point d’orgue d’un film bien senti, un magnifique miroir de notre époque. Je ne vais pas faire de spolier pour ceux qui n’ont pas vu le film, si ce n’est à dire que Balzac avait déjà tout compris en disant : “Je pense à ceux qui doivent trouver quelque chose en eux après le désenchantement."

O. V.


P.-S. Pour plus d’informations sur le travail de critique littéraire du jeune Balzac essayant de se faire une place: https://www.cairn.info/revue-l-annee-balzacienne-2008-1-page-63.htm


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