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Perec mode d’emploi


L'autre soir à l’Alliance Française de Sydney, c’est avec une très grande curiosité que j’ai écouté Christelle Reggiani parler de Georges Perec. Professeur de littérature à La Sorbonne et directrice de publication de son œuvre dans la Pléiade, cette passionnée de Perec a su saisir notre attention en nous expliquant ce qu’était l’Oulipo (Ouvroir de la Littérature Potentielle). Ce mouvement, créé par Raymond Queneau et dont Perec fut membre dès le départ, place en son cœur l’écriture sous contrainte, par exemple écrire un roman sans la lettre “e”, comme c’est le cas dans La Disparition. Ce concept de “lipogramme” a vraiment résonné très profondément en moi. En effet, cela fait quelques années que mon ordinateur ne me permet plus de taper ni la lettre “p”, ni le chiffre “0”, j’ai donc dû apprendre à écrire mes e-mails sans cette lettre ni ce chiffre, tâche certes difficile mais pas insurmontable, et surtout, qui donne lieu à des bénéfices inespérés. En effet, une telle écriture sous contrainte permet apparemment de lever des barrières, dans le sens où elle nous force à écrire sans notre biais naturel, avec des mots que l’on n’aurait pas utilisés autrement, sans la contrainte. A l’heure où commence à l’Université de Western Sydney le colloque portant sur “Les effets de l’Oulipo : impact, continuités, détournements, réactions”, je ne peux m’empêcher de me demander si je n’y aurais pas ma place... c'est vrai après tout, le clavier de ma machine m'a transformé en lipogrammatiste malgré moi ! Et d’ailleurs, pour preuve de ma dévotion sans limite à ce mouvement, je commence dès aujourd’hui à écrire mon lipogramme sans “p” ! O.V. P.-S. Savez-vous qu'il existe en Australie un groupe d'écrivains expérimentaux inspiré de l'Oulipo : Kanganoulipo ?


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