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Macron à Sydney, au bout de l’attente


Il fait chaud, très chaud. Les corps sont brûlants. Serrés les uns contre les autres, il n’y a rien à faire, l’air est comme saturé. Certains d’entre nous, sans doute, vont défaillir. Mais on attend. 15 minutes. 30. 45. On compte son retard par bloc, c’est plus simple dans notre état. 60 minutes, on entend les hélicoptères, on voit le cortège illuminé derrière les vitres, on se dit que c’est bon. Chacun regarde devant soi dans l’espoir de le voir apparaître, mais il n’arrive toujours pas. 75 minutes, déjà. Pourtant on attend encore avec enthousiasme. Attendre, c’est espérer. Sinon on n’attend pas. 90 minutes. Coup de sifflet final. Un vent d’air frais vient nous caresser, on rêve qu’il nous emporte avec lui. Bienvenue, Monsieur le Président. Ça a beau être lui, les applaudissements sont un peu timorés. Avec cette chaleur, nous sommes tous dans un état léthargique. Macron lui-même semble un peu sonné, dans la retenue, en-dedans, comme un boxeur venant de recevoir un coup. On a l’impression que les premières minutes peuvent être celles du KO, de la victoire totale. Ou de la défaite totale. Mais c’est Macron en face de nous. Il nous parle de liberté, d’optimisme, de choses impossibles devenues possibles. Macron marche sur l’eau et nous oublions que nous avons soif. Il nous dit que tout a changé maintenant, que l’on peut enfin revenir en France. Tout semble vrai, on le jurerait. Sa promesse comme ses sourires de connivence, son clin d’œil final. Alors nous oublions, un instant, que nous sommes en face du Président. Soudain, avec ses yeux qui font du bien, ses dents du bonheur, son visage tout entier, il devient un père, un frère, notre semblable, cet allié. Quelqu’un qui parle de nous, pour nous, avec nos mots, nos doutes, nos espoirs. Tout ce dont on rêvait. Un ami.

O.V.

Crédit photo : Sébastien Vallerie

Article publié par le Courrier Australien le 4 mai 2018 : http://www.lecourrieraustralien.com/opinion-macron-a-sydney-au-bout-de-lattente-v2/


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